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Elysée Faubourg Saint-Honoré
13 février 2012

François Hollande, un candidat très ordinaire au carrefour de l'Histoire de la République

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François Hollande, président de la République le 6 mai 2012 ?

Depuis quelques semaines, c'est devenu possible, et même probable. Et pourtant, qui aurait pu le croire ?

Voici un an environ, j'avais écrit divers articles dans lesquels je prévoyais sa possible candidature en 2012 à la Présidence de la République, et même son éventuelle élection, alors même que Dominique Strauss-Kahn était toujours supposé le meilleur de la gauche dans la course à l'Elysée. Certains partageaient mes analyses, mais d'autres m'objectaient que j'étais dans l'erreur, considérant de leur côté que François Hollande ne pourrait jamais être un candidat crédible en raison de son insignifiance dans le monde politique.

Mais ne faut-il pas se méfier des eaux trop endormies ? L'ancien Premier secrétaire du PS a toujours nourri des ambitions secrètes, contrairement à d'autres qui n'ont jamais hésité à se mettre en avant pour manifester leur désir de conquête du pouvoir. En effet, depuis longtemps, le député de Corrèze rêvait en coulisse de devenir un jour le véritable chef de file du Parti Socialiste, et par ricochet celui de la gauche comme le fut à une époque François Mitterrand.

Des points communs entre Hollande et Mitterrand ? En vérité, par vraiment, sauf que tous deux possèdent les mêmes prénoms (?) et qu'ils ont été l'un et l'autre Premier secrétaire du Parti Socialiste.

Hormis ces deux aspects comparables, la personnalité politique de chacun de ces hommes est totalement différente. François Mitterrand était un militant de la première heure, tenace et déterminé, qui avait su regrouper dès 1971 la famille socialiste dans une optique de renouveau et d'union de la gauche. A l'inverse, François Hollande n'a jamais été combatif dans sa vie politique, et ses détracteurs de son propre camp le considère souvent comme l'homme de la « synthèse molle », « fuyant l'affrontement pour au final ne rien décider ». Par ailleurs, peu actif à l'Assemblée Nationale dans ses fonctions de député, il est resté un élu quelque peu falot ne paraissant pas avoir l'envergure d'un possible chef d'Etat.

Mais quoi qu'il en soit et sans aucun doute, François Hollande, modéré et en apparence discret, a toujours convoité la succession de François Mitterrand, l'homme du Congrès d'Epinay qui avait réussi à séduire un électorat populaire avant de remplir deux mandats présidentiels. Sauf que l'homme de la rue de Solférino végétant dans son poste de Premier secrétaire du Parti socialiste entre 1997 et 2008, n'était jamais arrivé à marquer les esprits afin de s'imposer au sein d'un pouvoir socialiste qui aurait pu lui offrir un portefeuille de ministre en cas de victoire de la gauche.

Dans de telles conditions, François Hollande risquait de stagner longtemps dans une vie politique locale, totalement éloigné des grandes affaires de l'Etat quand soudain, le 14 mai 2011, la chance lui sourit au moment même où son avenir politique paraissait incertain.

L'affaire du Sofitel à New-York mettant en cause Dominique Strauss-Kahn dans une affaire de viol présumé, allait bouleverser le contexte politique du PS, éliminant tout de suite le prétendant quasi officiel à la Présidence de la République.

En quelques heures, François Hollande se positionnait tout à coup comme l'un des principaux candidats aux primaires socialistes, et surprenait ainsi toute la classe politique de gauche comme de droite, mais aussi un très vaste électorat touchant des citoyens de toutes tendances.

François Hollande allait vite prendre une revanche sur le passé autour d'une crédibilité croissante et remarquable, pratiquement sans faille à l'heure d'aujourd'hui.

Que deviendra la France si François Hollande est élu le 6 mai 2012 ?

Il faut être clair sur ce point. Le doute, s'il en existe un, n'est pas rattaché à l'homme, François Hollande étant comme je viens de le dire à l'instant même, un candidat parfaitement crédible.

Par ailleurs, il se présente aussi comme un homme de convictions, sincère et bien décidé à changer la Nation en présentant un vaste projet de réformes économiques et sociales.

Mais le problème réel, (et il existe), provient de certaines personnalités politiques qui l'accompagnent dont la plupart évoluera évidemment dans son très proche entourage s'il est élu Président de la République. Tous ceux et celles qui deviendront ministres dans le futur gouvernement de gauche ne seront pas simplement des exécutants du pouvoir, mais des hommes ou des femmes puissants qui parviendront à manipuler le Président Hollande, ce dernier devenant alors « l'homme de paille » du Parti Socialiste.

D'ores et déjà, on peut s'attendre à un Etat « perturbé » où chaque voix éminente pourrait déclencher une prépondérance des membres de l'exécutif, entraînant ainsi des problèmes de toutes sortes, pareils aux nombreux chaos que la France connût dans les dernières années de la Quatrième République.

Mais François Hollande peut-il nous surprendre encore ?

Peut-il être devenu l'homme déterminé et plutôt courageux que nous avons découvert lors du meeting du Bourget le 22 janvier dernier ? Voici la véritable énigme !

En évidence, François Hollande semble avoir changé depuis quelques mois. A première vue, il a pris le costume de présidentiable, et les citoyens de gauche ne peuvent que s'en réjouir.

Mais pourra-t-il faire face à toutes les difficultés qui se présenteront à lui ?

A mon sens, devenu Président de la République, il peut très capable d'affronter la nouvelle Opposition et de défendre ses propres valeurs. Par contre, les vrais problèmes qu'il devra combattre, viendront de sa propre majorité où les divergences politiques seront multiples au fil du temps. D'autant plus que ceux et celles qui le soutiennent aujourd'hui dans le seul but d'une reconquête du pouvoir par la Gauche, lui procureront bien des soucis dans les années à venir : opposés de toujours à François Hollande, ils pourraient bien le déstabiliser comme ce fut déjà le cas par le passé à maintes reprises. Ces hommes ou ces femmes sont nombreux : ils s'appellent Pierre Moscovici, Laurent Fabius, Jack Lang, Manuel Valls, Arnaud Montebourg, sans oublier Martine Aubry, Cécile Duflot, Eva Joly, et même Jean-Luc Mélenchon qui n'avait pas hésité de comparer Hollande à un « capitaine de pédalo » … Sont-ils les seuls ou les seules à connaître de grandes divergences avec le député de Corrèze ? Certainement pas, et il serait possible d'en citer beaucoup d'autres … Mais pour cette gauche unie en apparence, mais déchirée dans ses idéologies, François Hollande n'est-il pas le bon « cheval de Troie » qui lui permettra de revenir aux affaires et de reprendre enfin le pouvoir républicain ?

Si le grand rassemblement de la famille de gauche semble aujourd'hui être bien réel, il risque d'être cependant très éphémère après le 6 mai 2012 ! Encore une fois, le sort de la France sera mis à rude épreuve dans un contexte économique devenu extrêmement difficile et dans une situation sociale au bord de l'explosion.

Pierre-Alain Reynaud

Site internet : www.pierre-alain-reynaud.com

cafe.republicain@gmail.com

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